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La Brasserie de l'Abbaye

L'activité brassicole est ancienne dans le Nord : la bière, moins forte qu'aujourd'hui, a été longtemps la boisson principale des ménages. Les abbayes aussi disposent généralement d'une brasserie, ce qui a été le cas de l'Abbaye bénédictine de Saint-André, fondée en 1021 et située au cœur de la ville du Cateau.

On ne dispose guère de données sur cette activité, mais des restes de bâtiments, datant vraisemblablement d'une reconstruction au 17e siècle sont toujours visibles, de part et d'autre d'une grande cour pavée (dont le sous-sol recèle des souterrains). Ces bâtiments ont été vendus pendant la Révolution, et acquis pour y poursuivre l'activité brassicole (le reste de l'abbaye a disparu, à l'exception de l'église).

Lucien Durin situe à partir du cadastre 11 brasseries catésiennes en 1825, et indique qu'elles sont situées « là où l'approvisionnement en eau pouvait être assuré par des puits ou par des sources. » Celle de la rue du Marché aux Chevaux a été la plus importante, et comporte aussi une malterie.

En 1912, l'exploitant est M. Lefebvre-Scalabrino, qui construit en 1913 le bâtiment actuel en briques pour une brasserie dite à gravité, donnant sur la Rue du Marché aux Chevaux, avec une touraille et une grande cheminée. Mais la guerre interrompt la production. En 1924, l'activité peut reprendre, avec une production jusqu'à 25 000 hl par an, conditionnée en fûts de bois, et occupant une vingtaine d'ouvriers, mais elle s'arrête dès 1927. La brasserie sert de dépôt aux bières Chiris (Solesmes) jusqu'en 1933-1934.

Pendant de nombreuses années, la brasserie va s'assoupir, telle « une bière au bois dormant », comme titrait un article de journal, car son héritière Mme Macarez ferme sa propriété et laisse tout en l'état y compris les différentes machines. Seules les parties en cuivre et les courroies assurant la transmission de l'énergie produite par la machine à vapeur ont disparu.

A partir des années 1990, la brasserie est réveillée par M. Christian Lefebvre, neveu de la propriétaire, ainsi que son épouse, qui souhaitent la réhabiliter. Ils sont rejoints dans leurs efforts par la Direction Régionale des affaires culturelles qui a lancé un inventaire des anciennes brasseries, par M. Pierre-André Dubois, ancien maître-brasseur, et par l'association locale « Les Amis du Catésis », qui parviennent à organiser en 1995 la première ouverture au public pour des visites, lors des journées du Patrimoine, et à obtenir un classement au patrimoine industriel en 2000.

Les élus reprennent le flambeau pour racheter et réhabiliter les locaux, et trouver des professionnels pour redémarrer la fabrication de bière.

C'est chose faite maintenant : M. Jean-Luc Bultez et sa fille Julie Bultez produisent depuis 2004 une bière artisanale, baptisée la « Vivat », une blonde pur malt de fermentation haute écumée à l'ancienne (6,5°) très appréciée pour sa qualité, et ses nouvelles déclinaisons (bière de printemps, bio, aux champignons...), et gèrent un restaurant qui propose une délicieuse cuisine régionale dans le cadre unique de l'ancienne malterie.

La restauration du reste du site (anciennes écuries, maison patronale) est en cours. Une boutique proposant des bières, produits dérivés et spécialités régionales vient d'ouvrir, ainsi qu'un magasin de torréfaction de café.

Par contre, les bâtiments les plus anciens et une partie de la cour sont toujours dans un triste état et attendant leur réhabilitation (la propriété de cette partie dépendant de la Communauté de communes).

 

Pourquoi la « Vivat » ?

« Vivat in aeternum » (= bonne, longue vie et prospérité) est un chant traditionnel flamand pour les mariages et les baptêmes.

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*Lucien DURIN : la bière en Catésis, article paru dans le bulletin paroissial Partages, juin-juillet 1993