L'Église Saint-Martin ancienne Abbatiale Saint-André
Cette église est le seul vestige de l'Abbaye bénédictine de Saint-André : elle est devenue église paroissiale du Cateau après la Révolution. C'est une superbe illustration de l'art maniériste, importé d'Italie, qui s'épanouit au 17e siècle. Elle a été construite en deux temps, mais dans la continuité du plan initial conçu par l'architecte jésuite Jean du Blocq.
La façade et la nef ont été construites en 1634-1635. L'ornementation est due au sculpteur de grand talent Jaspard Marsy. Elle est remarquable par sa richesse et sa qualité : la façade comporte trois étages avec des sculptures d'inspiration essentiellement profane où dominent courbes et volutes. Dans la nef on trouve des têtes d'anges, tous différents (les « poupards ») et des mascarons (masques formés d'éléments végétaux).
Les voûtes de la nef et le reste de la construction ont été achevées de 1680 au début du 18e siècle, par Nicolas de Valenciennes (également architecte du beffroi), et les sculpteurs Augustin et Baudhuin Froment qui ont sculpté des "fruitailles" et de gracieux petits anges délurés.
La nef comporte des grandes voûtes en plein cintre avec piliers, d'inspiration romane, et les bas-côtés sont en croisées d'ogives, d'inspiration gothique. Dans le chœur, aussi long que la nef et qui comporte un déambulatoire et une chapelle absidiale dédiée à Sainte-Maxellende, les colonnes se rapprochent et les arcs deviennent mitrés.
Ce chœur - où se tenaient autrefois les moines de l'abbaye - est mis en valeur par la lumière des grandes fenêtres (autrefois la nef était plus sombre, les grandes baies sur la droite sont un ajout du 19e siècle). On y trouve aussi l'aboutissement de toute l'ornementation avec l'agneau divin surmonté d'une colombe, figuré dans le fond de l'église.
Les vitraux très colorés, d'inspiration cubiste (1932-1934) ont remplacé la vitrerie blanche d'origine, car l'église a été très abîmée par les bombardements en octobre 1918.
Dans la nef, ils évoquent les principaux épisodes de la vie de Saint-Martin. L'église comporte également des orgues, restaurés après 1918 et plus récemment.
Le clocher carré, où on peut voir des croix de Saint-André, est surmonté d'un bulbe qui répond à celui du beffroi, et crée une jolie vue du centre de la ville.
Exposer le mystère à la pleine lumière !
Les vitraux d'origine de l'église Saint-Martin du Cateau étaient blancs et ornés de grisailles. Le 18ème siècle, époque de la construction de l'édifice, est marqué par l'influence de "l'école de la spiritualité française".
Il s'agit d'un mouvement de pensée religieuse qui veut offrir aux fidèles catholiques un savoir biblique et une connaissance construite de la théologie.
Bossuet, Saint Vincent de Paul ou Saint François de Sales, sont des animateurs de ce mouvement de pensée qui est un patri sur l'intelligence.
On installe à cette époque dans les églises des vitraux blancs qui peuvent "exposer le mystère en pleine lumière". Le savoir religieux est transmis par l'enseignement. On veut donc oublier les sombres vitraux du Moyen-Age, surchargés en épisodes bibliques, destinés à fournir aux ignorants une sorte de catéchisme en bande dessinée !